• Le comportement électoral

    THÈME 2 : LA PARTICIPATION POLITIQUE

     

    CHAPITRE 3 : comment expliquer le comportement électoral?

     

    Comment expliquer le comportement électoral ? 

    Participation et abstention électorale, variables lourdes du comportement électoral, vote sur enjeu.

    On analysera l'évolution des taux d'inscription sur les listes électorales, des taux de participation et/ou d'abstention et leurs déterminants sociaux et politiques. Les principaux résultats de la sociologie de l'orientation électorale seront présentés (poids de la variable religieuse, vote de classe, etc.). L'évocation de l'émergence d'un vote sur enjeu, influencé par les conjonctures politiques (campagnes électorales notamment), permettra de prendre la mesure de la volatilité électorale. La question de l'articulation entre médias, communication et vie politique sera également abordée afin de comprendre son éventuel impact sur les attitudes politiques (pratiques et opinions).

     

    Problématique : Comment explique-t-on l’abstention ? Ou comment explique-t-on que les agents votent compte tenu du faible poids que représente leur choix dans l’élection ?

    I.             COMMENT INTERPRÉTER L’ABSTENTION électorale ?

    Objectifs :

    - Définir l’abstention, taux d’inscription, taux de participation et taux d’abstention

    - Comprendre les comportements abstentionnistes

     

    A.  A- L’abstention : définition et évolution.

    Document 1 :

    Lors des élections cantonales de mars 2011, permettant de renouveler la moitié des conseillers généraux, 43.2 millions d’électeurs étaient inscrits sur une liste électorale en France. Parmi eux, 52.6% sont des femmes, ce qui correspond à leur part dans l’ensemble de la population en âge de voter. Hommes et femmes ont un taux d’inscription sur les listes électorales identique. […]

    Pour être inscrit sur les listes électorales en France, il faut être de nationalité française, avoir dix-huit ans à la veille des scrutins et jouir de ses droits civils et politiques.

    Selon le Code électoral, l’inscription sur les listes électorales est obligatoire. Dans les faits, la seule sanction en cas de non inscription est l’impossibilité de participer au scrutin. L’électeur doit déposer sa demande d’inscription dans sa commune de résidence avant le 31 décembre pour pouvoir voter aux élections de l’année suivante.

    C. Rieg, 43 millions d’électeurs en France, Insee Première, n°1369, septembre 2011.

    Q1- Comment est calculé le taux d’inscription sur les listes électorales évoqué à la fin du premier paragraphe ? Quelle est son utilité ?

    Q2- Quelles sont les conditions pour pouvoir voter lors d’une élection ?

    Exercice:Résultats du 2ndtour des élections législatives de 2017

     

    Q3- Définir « abstentions » et la différencier du vote blanc ou nul.

    Q4- Définir « taux de participation », le calculer et l’interpréter.

    Q5- Définir « taux d’abstention », le calculer et l’interpréter.

     

    Document 2 : Taux d’abstention (en %) aux premiers tours des élections en France depuis 1965

    Q6- Complétez le texte à trou:

    Depuis les années 80, on constate globalement une forte progression de l’...............................

    Ainsi, en France, environ ............ des électeurs s’étaient abstenus aux élections européennes en 1979 ............ à celle de 2015 soit une progression de.............. . Il en est de même pour les législatives : ............. des inscrits s’étaient abstenus en 1981, ..............en 2017, soit une progression de ................

    Cependant, l’abstention dépend du type de .............. et des enjeux. En effet, en France, l’abstention est la plus ............... pour le scrutin des présidentielles puisqu’en 2017 on ne mesure qu’environ .............. d’abstentionnistes à ces élections contre ............. pour les élections législatives.

    Il en est de même pour les élections municipales qui, malgré une hausse continue de l’abstention depuis 1979, ne font apparaître qu’environ ............ d’abstentionnistes en 2013.

     

    A.  B-Les déterminants de l’abstention.

    Document 4 : L’analyse sociologique de l’abstention

    Les abstentionnistes « dans le jeu politique » sont souvent jeunes, diplômés et plutôt favorisés quant aux conditions de leur insertion sociale. Ils déclarent par ailleurs s’intéresser à la politique et peuvent même se déclarer proches d’un parti politique. Ils s’abstiennent sans qu’il s’agisse d’une désaffection politique et se remettent à voter dès qu’ils peuvent à nouveau se reconnaître dans l’offre électorale proposée. Leur abstention est le plus souvent intermittente. Cet abstentionnisme correspond à un nouveau type d’électeur, plus mobile, plus affranchi des modèles d’identification partisane, relativement critique et exigeant à l’égard de l’offre politique, et pouvant utiliser l’abstention au même titre que le vote pour se faire entendre et peser sur l’élection. Les abstentionnistes « hors du jeu politique » se distinguent par un retrait de la politique, et par une certaine apathie. On les retrouve en plus grand nombre au sein des couches populaires, disposant d’un faible niveau d’instruction, parmi des catégories en difficulté d’insertion sociale, ainsi que dans des populations urbaines. […] Ces absents plus constants de la scène électorale ne se reconnaissent pas dans le jeu politique, ils ont trop de problèmes individuels pour investir la scène collective et se sentent incompétents. […] Seule l’augmentation significative de l’abstention « hors jeu » marquerait une vraie crise de la démocratie. Mais l’abstention « dans le jeu » qui est intermittente et politique, est au contraire l’expression d’une certaine vivacité démocratique.

    Anne Muxel, Abstention, défaillance citoyenne ou expression démocratique ?, Cahiers du Conseil Constitutionnel, n°23, février 2008

    Q7- Existe-t-il un lien entre abstention et diplômes ?

    Q8-Quelles sont les deux formes d’abstentionnisme, selon Anne Muxel ?

     

    Synthèse :

    Au total il existe plusieurs types d’abstentionnistes :

    - Les abstentionnistes ----------------------------- (« les pêcheurs à la ligne ») qui boycottent systématiquement tous les scrutins parce qu’ils ne se sentent pas concernés par la politique ou parce qu’ils n’ont plus la capacité de se déplacer. Ceci concerne près d’un inscrit sur quatre pour les élections régionales et européennes.

     

    - Les abstentionnistes occasionnels ou -------------------------- qui participent à un certain nombre de scrutins mais pas à tous en fonction de l’intérêt qu’ils portent pour le scrutin et en fonction de l’offre politique qui  leur est proposée. Cela représente plus d’un électeur sur trois pour les élections régionales et européennes. 

     

    Au total, l’---------------------- est un fait social et politique important. Seuls 56% des Français reconnaissent ne s’être jamais ou pratiquement jamais abstenus, soit un inscrit sur deux, et 10 % reconnaissent souvent s’abstenir.  Mais l'abstention systématique est relativement faible et stable en France autour de 12 %.

    Toutefois, la part des abstentionnistes intermittents, tour à tour votants et non votants, s'est accrue au fil du temps pour créer un déficit de participation.  

    Cette intermittence de l'acte électoral est le signe d'un certain ----------------------- du devoir de voter. L'abstention n'est pas seulement le signe d'un retrait ou d'un désinvestissement de la scène électorale. Pour des électeurs de plus en plus nombreux et dans le jeu politique, elle est considérée et utilisée comme une réponse électorale à part entière. Elle peut servir à exprimer leur ------------------ à l'égard d'une offre politique jugée insatisfaisante ou encore une --------------------- à l'encontre des Gouvernements sortants (crise de confiance). Tantôt votants tantôt abstentionnistes, les Français rencontrent l'élection avec de plus en plus de doutes mais aussi de circonspection (crise de la représentation).

    L’abstentionnisme peut s’expliquer soit par un désintérêt pour la vie politique (abstentionnistes « ----------------- ») ; soit au contraire comme un moyen d’exprimer une position politique (abstentionnistes « ------------------------ »).

     

    II.             COMMENT EXPLIQUER LE VOTE ?

    Objectifs :

    - Connaître les variables lourdes du comportement électoral

    - Définir « vote de classe » et « vote sur enjeux »

    - Comprendre l’influence de la volatilité électorale et l’influence des médias sur le vote

     

    A.  A- Le poids de l’environnement socio-économique.

     

    Quelles sont les variables lourdes du comportement électoral ?

    Document 5 : Sociologie des abstentionnistes au premier tour des présidentielles de 2017

    Q9- Quelles sont les variables sociodémographiques et politiques qui sont le plus corrélées à l’abstention?

    Q10- Dressez le portrait type d’un abstentionniste au premier tour des présidentielles 2017. D’un votant

    DOCUMENT 6 :

    L’école de Columbia : les caractéristiques sociales déterminent les préférences politiques.

    Les premières études de sociologie électorale par sondage sont réalisées aux États-Unis, à l’université de Columbia par Paul Lazarsfeld et son équipe. […] Une grande partie des enquêtés savaient depuis longtemps pour quel parti et candidat ils voteraient. D’autres se décident dans les derniers mois mais seulement 8% varient dans leur intention de vote en cours de campagne. L’explication de cette très forte stabilité électorale réside dans l’existence de milieux sociaux politiquement homogènes, qui génèrent une conformité de chacun à son milieu. Trois variables apparaissent particulièrement déterminantes : le statut social, la religion, le lieu de résidence. Les personnes de statut social inférieur, de religion catholique, vivant dans un milieu urbain votent beaucoup plus fréquemment pour le candidat démocrate. Au contraire, le candidat républicain recueille une majorité de suffrages parmi les personnes de milieu supérieur, protestantes, vivant en zone rurale. […]

    Le paradigme de Michigan : un vote conforme à l’identification partisane.

    Ce modèle […] explique principalement les votes par l’identification à un parti. […] Les auteurs insistent sur un élément particulier, qui leur paraît plus explicatif, l’identification partisane. […] Les personnes qui s’identifient fortement à l’un des deux grands partis votent presque toujours (dans 90% des cas) pour le candidat investi par lui. C’est en fait chez ceux qui ne se reconnaissent qu’une faible identification partisane  qu’on trouve le plus grand nombre de votes déviants. Cette proximité partisane n’est pas perçue d’abord comme le fruit d’une adhésion aux thèses politiques des partis. Elle est plutôt analysée comme un attachement affectif, lié à la socialisation. […] Il y aurait des familles démocrates et des familles républicaines. Une majorité resterait fidèle à la tendance politique de ses parents et voterait de manière identique à toutes les élections présidentielles.

     

    P. Bréchon, Comportements et attitudes politiques, PUG, 2006.

    Q11– Distinguez ces deux approches.  

    Q12- Quels sont les variables lourdes du comportement électoral ? (documents 5 & 6) 

    A.  B- L’importance du « vote sur enjeux ».

    DOCUMENT 7 :

    DOCUMENT 8 : Le développement du "vote sur enjeu" 

    On a constaté dans toutes les démocraties occidentales, à partir de la fin des années 1960 aux

    Etats-Unis, et un peu plus tard en Europe, une "volatilité électorale" accrue. [...]

    L'"instabilité croissante" des électeurs et l'érosion de l'influence des variables sociologiques ont entraîné une révision des modèles d'analyse existants. Le "nouvel électeur" était-il un électeur "apathique", désorienté par l'évolution du système politique et des structures sociales, ou un électeur plus "rationnel", plus "individualiste" et plus "stratège", soustrait à l'influence de ses groupes d'appartenance ? [...] Les électeurs qui changent de préférences politiques entre deux élections ne sont [...] ni plus ni moins rationnels que les électeurs fidèles à un parti, ni moins instruits et politisés. [...] La proportion d'électeurs mobiles s'accroît, renforçant le "vote sur enjeu", c'est-à-dire sur les questions jugées importantes au moment de chaque élection.

    Frédéric Lambert et Sandrine Lefranc, 50 fiches pour comprendre la science politique, Bréal, 2010 

    Q13- Entre 1995 et 1997, quel proportion d'électeurs gardent-ils le même choix ? En déduire, une mesure de la volatilité électorale.(doc 7)

    Q14- Parmi ceux qui ont changé de choix politique, quelles sont les évolutions les plus notables ? (doc 7)

    Q15- Qu'est-ce qu'un électeur rationnel ? (doc 8)

    Q16- Expliquez le « vote sur enjeux »

    Q17- Comment expliquez-vous l’importance de ce vote ?

     

    Synthèse :

    Les enquêtes montrant une instabilité plus grande dans le vote des électeurs (« floating vote»), les sociologues vont réviser leurs modèles explicatifs du vote. Les variables lourdes semblent ne plus pouvoir expliquer les comportements électoraux, en particulier pour les plus jeunes, et on en conclut que l’électeur devient plus ----------------- et plus stratège. Il serait devenu capable de s’autonomiser vis-à-vis de ses groupes d’appartenance pour réaliser des calculs ---------/------------------ à la manière du modèle de l’Homo œconomicus des économistes néoclassiques. On observerait ainsi une montée du vote « ------------------------- », c’est-à-dire sur des questions et problématiques importantes aux yeux des électeurs au moment du scrutin. Ce n’est pas le contenu idéologique ou l’étiquette qui compte, mais la réponse apportée à tel ou tel problème qui concerne l’électeur. Ainsi celui-ci serait prêt à voter pour untel parce qu’il apporte telle réponse à tel problème, pas pour sa couleur politique et le fond des idées qu’il défend. La montée de l’---------------------------- en tant que valeur dans la société expliquerait donc que les variables sociales « lourdes » perdraient de leur pouvoir explicatif.

    L’individu est doté d’une capacité de calcul qui lui permet de faire des choix électoraux ---------------- et d’adapter son vote en fonction du but auquel il tend. Il choisit l’offre politique qui correspond le mieux à ses intérêts, qui maximise son utilité. Dans ce modèle les changements politiques s’expliquent exclusivement par le changement de l’offre, le renouvellement des candidats et des programmes.

     

    DOCUMENT 9 : Les effets indirects des médias dans les campagnes électorales

    Le rôle accru des campagnes électorales n’implique cependant pas que celles-ci influencent de manière directe, ou seules, les comportements électoraux. L'idée selon laquelle les médias et la communication politique déterminerait complètement le vote correspond largement à un mythe. Ce mythe est né dans l'entre-deux-guerres [...], après l'usage extensif des moyens radiophoniques et de la propagande politique (affiches, statuaire, fêtes, défilés, etc.) par les régimes fasciste et nazi : l'électeur y fait l'objet d'une manipulation par des leaders charismatiques et la propagande électorale à laquelle ils recourent. [...] Les effets directs des campagnes sont difficilement évaluables. Les analyses montrent, d'ailleurs, que ce sont leurs effets indirects qui sont les plus remarquables. Parmi ces derniers, trois ont été formalisés par les chercheurs : 

    - L'effet d'agenda, qui désigne l'impact des médias sur la saillance des enjeux perçus par l'opinion. Une campagne électorale peut ainsi être centrée sur un enjeu qui avait initialement une importance restreinte (la "fracture sociale", la sécurité, etc.)

    - L'effet de cadrage (framing) : le mode de présentation d'un fait affecte sa signification. Par exemple, un traitement épisodique de la pauvreté faciliterait une imputation de la responsabilité aux pauvres, alors qu'un traitement thématique et approfondi favoriserait la reconnaissance d'une responsabilité collective et d'une défaillance des politiques publiques.

    - L'effet d'amorçage (priming), qui désigne l'influence des médias sur les critères retenus pour évaluer et produire les jugements politiques. Les problèmes consacrés par les médias (par exemple la visibilité accrue du problème des SDF) peuvent devenir des critères d'évaluation des programmes des candidats.

    LAMBERT Frédéric et LEFRANC Sandrine, 50 fiches pour comprendre la science politique, Bréal, 2003 

    Q18- Quels sont les effets que peuvent avoir les médias lors d’une élection à venir ?

     

     

     


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