• Thème 1 : SCIENCE ECONOMIQUE

     

    CHAPITRE 1 : MONDIALISATION, FINANCE INTERNATIONALE ET INTEGRATION EUROPEENNE

     

     

    Thèmes et questionnements

    Notions

    Indications complémentaires

    2.1 Quelle est la place de l'Union européenne dans l'économie globale ? 

    Euro, union économique et monétaire 

    Sans entrer dans le détail des évolutions historiques, on rappellera qu'en se dotant d'un grand marché intérieur et d'une monnaie unique, les pays européens mènent une expérience originale d'intégration plus étroite de leurs économies. On montrera que l'union monétaire revêt une importance particulière dans le contexte monétaire et financier international, et qu'elle renforce les interdépendances entre les politiques macroéconomiques des États membres. On s'interrogera sur les difficultés de la coordination des politiques économiques dans l'Union européenne.
    Acquis de première : banque centrale, politique budgétaire, politique monétaire, politique conjoncturelle.
     

     

    DOCUMENT 1 : Parts dans le PIB mondial en SPA, 2014 (en %)

    La construction européenne a permis le développement du libre-échange entre les pays du continent.

    En facilitant les échanges, l'intégration européenne permet donc des gains à l'échange et favorise la croissance.

     

    I.             L’UNION EUROPEENNE : UNE CONSTRUCTION ORIGINALE.

     

    Objectifs :

    - Comprendre les objectifs et les avantages attendus de la construction européenne.

    - Définir « UEM »

     

    A-A Les objectifs de la construction européenne.

    Les grandes étapes de la construction :

    ·         1951 : le traité de Paris institue la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA)

    ·         1957 : la signature des traités de Rome marque la volonté des Etats fondateurs de créer un espace économique commun, dans lequel les marchandises circuleraient librement, c’est la Communauté économique européenne (CEE).

    ·         1968 : réalisation de l’Union douanière entre les Six.

    ·         1986 : signature de l’acte unique européen (entré en vigueur en 1993) fixe un marché intérieur européen. C’est la naissance du marché unique.

    ·         1992 : signature du traité de Maastricht (entre en vigueur en 1993) et donne naissance à l'Union européenne. Ce traité prévoit la mise ne place d’une monnaie unique, l’euro et donne lance l’Union économique et monétaire.    

    ·         1997 : le traité d’Amsterdam (entre en vigueur en 1999) créé le pacte de stabilité et de croissance (c’est l’instrument dont les pays de la zone euro  se sont dotés afin de coordonner leurs politiques budgétaires nationales et d’éviter l’apparition de déficits budgétaires excessifs.)

    En 2005, le projet d'une constitution européenne est abandonné suite aux "non" des peuples français et néerlandais.

     

    A B- Des différents degré d’intégration économique aux avantages attendus.

    1-      1- Les différents degrés d’intégration économique…

    DOCUMENT 3 : Les différents niveaux d’intégration économique régionale

    L’économiste hongrois Bela Balassa (1928-1991) a distingué cinq étapes dans le processus d’intégration économique régionale :

    -          La zone de libre-échange : les obstacles à l’échange tels que les droits de douane ou les quotas sont supprimés entre les pays,

    -          L’union douanière : les pays membres adoptent un tarif extérieur commun à l’égard du reste du monde,

    -          Le marché commun : les facteurs de production (travail et capital) circulent librement au sein de l’union douanière,

    -          L’union économique et monétaire : les Etats membres coordonnent et harmonisent leurs politiques macroéconomiques et adoptent une monnaie unique,

    -          L’union politique : les politiques économiques des Etats membres seront totalement unifiées, ainsi que ce qui concerne les affaires étrangères et la défense.

    Bela Balassa, The theory of economic integration, Rouledge, 2011

    Q2- A quel niveau de cette typologie renvoient les zones économiques intégrées suivantes : Alena, Mercosur, Europe ?

    Q3- Complétez le schéma suivant :

     

    Si on poursuit le processus d'intégration régionale, on peut aboutir à une véritable fédération d'Etats, ou union politique, les Etats-Unis en sont un exemple mais ils ne sont pas issus d'un processus d'intégration régionale.

    L'UE a refusé d'entrée d'être une simple zone de libre-échange, elle est d'emblée une union douanière. 

    De plus, il existe des politiques économiques communes dès la signature du Traité de Rome (1957), notamment la politique agricole commune (PAC), alors que la libre circulation des marchandises et des facteurs de production n'est réalisée qu'en 1993. Il y avait donc des éléments d'union économique avant même la mise en place du marché commun.  C’est en ce sens que l’on peut dire que l’UE est une construction originale.

     

    DOCUMENT 4 : Les avantages attendus de l’union douanière puis du grand marché

    Au départ, l’Europe s’est dotée d’une union douanière qui a été facteur de dynamisme commercial et d’accroissement des interdépendances entre pays européens : développement rapide des échanges entre pays membres et commerce intracommunautaire devenu prépondérant. En France, ce dernier représente aujourd’hui plus de 60 % du commerce extérieur. La libéralisation des échanges a franchi une autre étape au milieu des années 1980 avec la mise en œuvre du grand marché intérieur. Les entreprises, grâce à l’ouverture des marchés et à des opérations de concentration, devaient réaliser des économies d’échelle, la libre circulation des capitaux faire baisser le coût du financement. De fait, la logique attendue de cette libéralisation est une logique d’offre compétitive : elle se traduit par une baisse des prix, et donc par une augmentation du revenu réel des agents, dont découle une dynamisation de la consommation, de la production, de l’investissement. On attendait de l’intégration une croissance plus forte et ainsi une baisse du chômage. Par ailleurs, cette intégration commerciale visait, selon une logique ricardienne, à encourager une spécialisation dans le cadre du libre-échange permettant une meilleure allocation des ressources, une convergence et une égalisation économiques. 

    R. Révol, Dictionnaire de Sciences Économiques et Sociales, Hachette, 2002

    Q4- Faites un schéma logique qui montre comment l’union douanière et l’ouverture des marchés devaient permettre d’avoir de la croissance économique.

    II.             L’AVENEMENT DE LA MONNAIE UNIQUE

     

    Objectifs :

    - Comprendre la nécessité du passage à l’euro,

    - Définir « euro »

     

    A A- Des avantages de l’euro…

     

    Exercice : Supposons que le taux d'intérêt sur les placements aux États-Unis soit de 4% alors qu'il est de 5% dans l'Union européenne. Que va-t-il se passer ? Rayez la mention inutile :  

    a- Les placements internationaux de capitaux vont se diriger vers les [États-Unis/l’Union européenne] car le taux d’intérêt y est plus rémunérateur.

    b- Des $ vont donc être massivement [vendus/achetés] et les € massivement [vendus/achetés] afin d’opérer les placements dans la monnaie locale.

    c- L’achat massif d’€ et la vente massive de $ va donc faire [baisser/augmenter] le « prix » de l’€ par rapport au $, on appelle cela l’appréciation du taux de change €/$.

    d- Les produits fabriqués dans l’Union européenne et vendus aux États-Unis vont donc voir leur compétitivité-prix [s’améliorer/se dégrader].

    e- A l’inverse les produit fabriqués aux États-Unis et vendus à l’Union européenne vont donc voir leur compétitivité-prix [s’améliorer/se dégrader].

    f- Les produits européens seront alors [plus/moins] achetés ce qui [dégrade/améliore] la compétitivité-prix des entreprises européennes.

    g- Les produits américains seront alors [plus/moins] achetés ce qui [dégrade/améliore] la compétitivité-prix des entreprises américaines.

    g- Le solde de la balance commerciale européenne [s’améliore/se dégrade] et celui des États-Unis [s’améliore/se dégrade]

    Les variations de taux d’intérêt (dues à la politique monétaire), si les mouvements internationaux  de capitaux sont libres, ont des conséquences sur le taux de change de la monnaie puis, en conséquence sur la compétitivité-prix des exportateurs.  

     

    DOCUMENT 5 : Le triangle des incompatibilités de Mundell 

    Le terme peut paraître abscons. Ce n'est pas autre chose qu'une nouvelle illustration du vieux principe selon lequel on ne peut tout avoir en même temps : boire ou conduire, le beurre ou l'argent du beurre, la vie est pleine de ces aphorismes. En l'occurrence, la politique économique doit faire un choix entre trois objectifs (d'où le triangle) :

    - la stabilité du taux de change, qui assure un horizon économique clair aux entreprises ;

    - l'indépendance de la politique monétaire, qui permet de fixer le niveau des taux d'intérêt en fonction des besoins internes de l'économie ;

    - l'intégration financière, qui permet d'accéder aux marchés mondiaux des capitaux au meilleur prix.

    Un pays peut décider librement du choix de deux de ces trois variables, mais la troisième lui est imposée. Si j'instaure la liberté de mouvement des capitaux et que je souhaite appliquer une politique monétaire différente de celle de mes voisins (par exemple, des taux d'intérêt plus bas), alors je dois me résigner à avoir un taux de change flottant : parce que cette baisse de la rémunération du capital chez moi par rapport à celle qui existe chez mes voisins aura pour conséquence d'engendrer un flux de sortie de capitaux, qui est incompatible à la longue avec l'existence d'un taux de change fixe. C'est ce que font les États-Unis. Si je souhaite avoir un taux de change fixe (exemple des pays de la zone euro [...]), il me faut renoncer soit à une politique monétaire autonome ([avant la création de l'euro dans le cadre du SME], la France a maintenu des taux d'intérêt élevés pour maintenir le taux de change entre le franc et le mark, plutôt que de les baisser pour soutenir la croissance), soit à la liberté de mouvement des capitaux. La création de l'euro, en supprimant la contrainte de maintenir les taux de change entre pays européens, a redonné de l'autonomie à la politique monétaire définie par la Banque centrale européenne.

    Jacques Adda, «Robert Mundell, le premier théoricien de l'euro», Alternatives économiques n'176, décembre 1999

     

    DOCUMENT 6 : Le choc de la réunification

    Un événement va alors totalement déstabiliser le SME : la réunification allemande. Après la chute du Mur, les Allemands de l’Ouest découvrent que l’économie est-allemande, vitrine des économies de type soviétique, est en ruine. Les produits qui sortent des usines ne valent pas grand-chose ; la désorganisation est totale ; il faut tout reconstruire. Cette reconstruction coûte cher, si bien que le déficit budgétaire [allemand] gonfle en 1990-91 et que l’investissement augmente. Craignant l’inflation, la Bundesbank [BC allemande] augmente très fortement ses taux d’intérêt (qui passent de 3% environ en 1988 à près de 8% en 1991). Compte tenu du rôle dominant du mark, les autres pays européens devraient suivre et augmenter aussi leurs taux ; faute de quoi les capitaux iraient tous se placer en Allemagne et les taux de change chuteraient. Mais une telle remontée des taux d’intérêt aurait des effets catastrophiques sur la croissance et l’emploi, d’autant que la conjoncture n’est pas très bonne à l’époque. Les spéculateurs font le pari que les monnaies européennes ne pourront pas tenir et seront dévaluées face au mark. Ils s’attaquent tour à tour à la livre anglaise la peseta espagnole, la lire italienne. […] La spéculation se déchaîne, la Banque de

    France se ruine, un compromis politique boiteux permet de sauver la face. Quand la fureur et le bruit se dissipent, le bilan est le suivant : le chômage en France a augmenté d’un million de personnes, le SME est mort, mais le peuple français, par le référendum sur le traité de Maastricht, a décidé de justesse de faire l’euro. Les dégâts du SME l’auront certainement bien aidé à prendre cette décision.

    http://alternatives-economiques.fr/blogs/parienty/2014/02/27/comment-en-est-on-arrives-la-ii-la-faute-aux-taux-de-change/

    Q5- Expliquez comment se justifie le passage à la monnaie unique (docs 5 & 6)

    Q6- Montrez les effets catastrophiques évoqués dans la phrase soulignée par un schéma logique (doc 6) 

     

    Q5- La libération des mouvements de capitaux, décidée en 1990, a permis des actions spéculatives sur les monnaies (en 1992 pour la Livres Sterling et la Lire, en 1993 pour le Franc). Les Banques centrales n’étaient plus capables de maintenir les taux de change dans le tunnel des parités officielles. La monnaie unique était donc la seule solution (voir exercice ci-dessus)

    Q6- Si le taux d’intérêt allemand > taux d’intérêt français → placement en Allemagne ↑ et inversement en France → vente de francs et achat de marks → le franc se déprécie et le mark s’apprécie → les importations françaises deviennent plus chères → ↓ PA → à terme ↓ croissance .

    Si le gouvernement français veut éviter de dévaluer sa monnaie alors il ↑ le taux d’intérêt → ↓ crédits → ↓ investissements → ↓ consommation → ↓ production → ↑ chômage.

    DOCUMENT 7 :

    Les pays participants à l’Union européenne ont parié que les avantages liés à la monnaie unique l’emporteraient sur les inconvénients.

    Du côté des avantages, on trouve essentiellement deux arguments. Un argument microéconomique : la monnaie unique supprime à la fois les coûts des transactions de change et l’incertitude liée au taux de change ; elle permet donc de réaliser des économies, surtout dans les pays les plus ouverts ; elle encourage les échanges de biens et services et facilite les investissements dans d’autres pays de la zone, améliorant l’allocation des ressources ; elle accroît la transparence des prix, ce qui accentue la concurrence. En bref, la monnaie unique complète le Marché unique. Un argument macroéconomique : dans une zone très intégrée comme l’Europe, une coordination des politiques monétaires est de toute façon nécessaire pour éviter les politiques déloyales comme celles consistant à « exporter » son chômage par la dévaluation.

    Agnès Bénassi-Quéré, Benoît Cœuré, Economie de l’euro, La Découverte, Repères, 2002

    Q7- Soulignez les principaux avantages de la monnaie unique.

     

    Q7- Les avantages attendus de l’euro :

    1/ Suppression des coûts de transaction : à chaque fois qu'une marchandise change de pays, il y avait, avant l’euro, des opérations de change pour convertir la monnaie et une incertitude sur les taux de change (quand je vendrai ma marchandise, combien vaudra un franc par rapport à un mark ?). La création de l'euro a donc facilité le commerce intra-européen en réduisant les coûts de transaction, en facilitant la comparaison des prix entre pays et en supprimant la volatilité du change et donc le risque de change.

     

    2/ La comparaison plus facile des prix → ↑ concurrence → ↓ prix → ↑ PA → ↑ consommation → ↑ production → ↑ emploi → ↑ croissance

     

    3/ Supprime les politiques de dévaluation compétitive : diminuer la valeur de la monnaie par rapport aux autres  pour réduire les prix à l'exportation et ainsi être plus compétitif. La création de l'euro a donc évité les comportements individualistes de chaque Etat-membre.

     

    4/  Favoriser l’essor des échanges commerciaux intra-zone et le développement du tourisme intra-zone (l’€ favorise la libre circulation des citoyens sur l’ensemble du territoire de l’UE).

    Tout cela doit mener à un développement des échanges et donc à une stimulation de la croissance. C’est pourquoi, on peut affirmer que « la monnaie unique est le complément logique et indispensable au marché intérieur ».

     

    Pour aller plus loin : l’€ protège contre des attaques spéculatives en cas de crise :

    A l’occasion de la crise économique de 2008, plusieurs monnaies européennes ont été attaquées sur les marchés financiers (ex. : livre britannique, la couronne danoise) → les monnaies de ces pays de petites tailles dont le système bancaire était très touché par la crise financière ont suscité une méfiance extrême, voire de la défiance de la part des agents sur les marchés financiers.

     Leur monnaie s’est donc trouvée « attaquée » → vente d’actifs/titres en monnaie de ces pays  → chute du cours de ces monnaie → pour défendre leur taux de change → ↑ taux d’intérêt pour favoriser l’attraction de capitaux → renchérissement du coût de l’argent →  ↓ crédits →↓ demande = → ↓consommation → ↓ d’investissement.

    L’euro est une monnaie représentative d’une zone économique beaucoup plus grande que les États pris individuellement, et donc la confiance dans la monnaie est d’autant plus grande, du fait de la plus grande taille de l’économie sur laquelle repose la monnaie, gage de plus de stabilité, de confiance et de crédibilité. Ce qui limite le risque de défiance. Les pays de la zone euro n’ont pas eu à subir ce type d’attaques spéculatives qui étaient très fréquentes avant la création de l’euro. On peut donc considérer que c’est un avantage non négligeable de l’euro que de protéger les pays membres de la zone contre ce type d’attaques.

     

    ·         Avantage non économique à l’euro : renforce le sentiment d’appartenance commune.

     

    A  B- … A ses conséquences.

     

    DOCUMENT 8 : La monnaie unique engendre des interdépendances entre les Etats 

    L’adoption d’une même monnaie par différents pays supprime l’ensemble des coûts liés aux variations des taux de change des monnaies entre elles. De ce fait, les échanges entre les différents pays de la zone sont facilités par la seule suppression des taux de change. Le poids du commerce intra-zone augmente, ce qui favorise la transmission des fluctuations d’une économie à l’autre. En effet, une accélération de la croissance dans un pays accroît les importations en provenance des autres pays, tirant ainsi la croissance du reste de la zone dans son sillage. Les fluctuations des économies nationales tendent ainsi à devenir similaires, tout en se synchronisant. L’adoption d’une monnaie unique permet ainsi une convergence des fluctuations économiques, cette convergence permettant en retour la définition d’une seule politique monétaire pour l’ensemble des pays de la zone.

    P. Artus et I. Gravet, La crise de l’euro, Armand Colin, 2012 

    Q8- Expliquez pourquoi une croissance économique importante dans un pays de la zone peut avoir un impact sur les autres.

     

    Q8- La bonne santé économique d'un Etat stimule ses importations et donc les exportations des autres Etats / la mauvaise santé d'un Etat réduit les exportations de ses partenaires.

    Or, les Etats ont tendance à mener des politiques non-coopératives, ce qui produit des externalités négatives. Par exemple, les pays du Nord de la zone euro (notamment l'Allemagne) mènent des politiques de rigueur et de modération salariale pour améliorer leur compétitivité-prix, cela limite le pouvoir d'achat des allemands, donc les importations de biens et services : cela est donc un frein pour les exportations des autres pays.

    Il est donc nécessaire de mettre en place une coordination des politiques économiques et sociales, afin de faire converger les politiques nationales et de les rendre plus efficaces.

     

    Le passage à la monnaie unique augmente donc l’interdépendance entre les Etats.

     

    Attention, il ne faut pas confondre :

    ·         Europe : territoire géographique

    ·         UE : un regroupement de 28 Etats membres qui délèguent ou transmettent l’exercice de certaines compétences à d’autres organes.

    ·         Zone euro : aussi appelée Union économique et monétaire : c’est la zone monétaire qui regroupe les pays de l’UE ayant adopté l’euro. Cette zone regroupe 19 pays sur 28 (après la Lettonie en 2014, la Lituanie est entrée dans la zone euro le 1er janvier 2015).

    Ainsi, la Suisse fait partie de l’Europe mais pas de l’UE ou de la zone euro. De même pour la Turquie. La Grande Bretagne fait partie de l’UE mais pas de la zone euro.

     

    III/ La difficile coordination des politiques économiques dans l'Union européenne. 

     

    Objectifs :

    - Comprendre les objectifs des politiques économiques

    - Comprendre les difficultés de la coordination des politiques économiques dans l'Union européenne 

     

    Rappel sur les politiques économiques

    Politique économique : intervention des pouvoirs publics dans le fonctionnement de l’économie afin d’améliorer, directement ou indirectement le bien-être collectif.

    Politique économique conjoncturelle : politique économique à court terme menée en vue d’orienter l’activité dans un sens jugé souhaitable, notamment en atteignant les objectifs schématisés dans le carré magique de Kaldor.

    Ø  Politique monétaire qui joue sur le niveau des taux d’intérêt et donc sur la quantité de monnaie en circulation. En effet la banque centrale fixe le prix du crédit par le jeu des taux d’intérêt sur le marché monétaire (taux directeurs), et donc encourage ou dissuade les banques d’accorder des crédits, ce qui stimule ou freine la consommation et l’investissement.

    Ø  Politique budgétaire : consiste à utiliser certains instruments budgétaires (dépenses publiques, prélèvements fiscaux) pour influer sur la conjoncture économique. Elle joue sur le budget (déficit budgétaire plus ou moins élevé ou au contraire excédent budgétaire). Déficit = dépenses supérieures aux dépenses. L’Etat peut agir par ses dépenses (en augmentant les prestations sociales ou par des investissements publics) et recettes (par les prélèvements obligatoires), dans le but d’influer sur la conjoncture économique. Par exemple, redistribution en faveur des ménages modestes, dont la propension à consommer est la plus élevée. Possibilité aussi d’accroître l’emploi public.

    Si les dépenses l'emportent sur les recettes (déficit budgétaire), le budget tend à gonfler la demande globale, donc à stimuler l'activité économique. Dans le cas inverse, les recettes l'emportent sur les dépenses, le budget exerce un effet de frein.

    A quoi servent ces politiques ?

     

    Politique de relance

    Politique de stabilisation/ de rigueur 

    Budgétaire

    Objectif : stimuler la croissance et l’emploi

    Moyens : ↓ impôts et/ou ↑ dépenses publiques donc le déficit budgétaire

    Effets pervers : fuites → dégradation du solde extérieur (M>X), dette ↑

    Objectif : ↓ le déficit budgétaire, ↓ les dépenses globales

    Moyens : ↑ impôts, ↓ dépenses publiques, équilibre voire excédent budgétaire

    Effets pervers : croissance atone, ↑ chômage, dégradation de la qualité des B&S collectifs

    Monétaire

    Objectif : stimuler la croissance et l’emploi

    Moyens : ↓ du taux d’intérêt directeur de la BC, ↓ coût du crédit → ↑ cons & investissement

    Effets pervers : tensions inflationnistes

    Objectif : ↓ inflation

    Moyens : BC ↑ taux d’intérêt directeur → ↑ coût du crédit → ↓ cons & investissement

    Effets pervers : croissance atone, chômage

    Politiques économiques structurelles. Politiques de long terme destinées à élever le rythme de la croissance économique. Elles incluent à la fois les investissements en capital humain, en R&D, les mesures destinées à agir sur la plus ou moins grande flexibilité du marché du travail, le niveau de la protection sociale, etc.

     

     

    A-  Le passage à l'euro nécessite une convergence des économies…

     

    1-      Une nécessaire convergence des économies.

     

    DOCUMENT 9 : Critères de Maastricht et Pacte de Stabilité et de Croissance 

    Le passage à la monnaie unique en Europe [...] suppose la mise en place d'une politique monétaire commune dont la conception et la mise en œuvre ont été confiées à une banque centrale indépendante [...]. Pour préparer le passage à l'euro, le Traité de Maastricht (1992) a imposé aux économies nationales une logique de convergence nominale qui portait sur les taux d'inflation, le taux d'intérêt, la dette publique et le déficit public. Pour respecter ces objectifs, de nombreux pays  européens ont adopté [au cours des années 1990] des politiques macroéconomiques restrictives qui ont pesé sur la croissance et sur l'emploi. [...]

    Une fois l'euro mis en place, les politiques conjoncturelles européennes ont été soumises au

    Pacte de Stabilité et de Croissance (PSC) adopté en 1997 (Traité d'Amsterdam). Ce pacte a pour but d'éviter l'existence de déficits excessifs qui impliqueraient une création monétaire, une inflation et des taux d'intérêt à la hausse, affectant l'ensemble de la zone. Dans ce cas le laxisme budgétaire d'un Etat aurait finalement des répercussions négatives pour tous les autres pays de la zone. Les conséquences de sa politique seraient mutualisées, il s'agirait, au fond, d'une forme de stratégie du « passager clandestin » […]. C'est pourquoi le PSC plafonne le déficit des administrations publiques à 3 % du PIB et la dette publique à 60 % du PIB.

    Il est cependant apparu que certains pays membres ne parvenaient pas à respecter les règles du PSC. En 2005, un aménagement du pacte est décidé, il autorise les « dépassements limités et temporaires » de la limite des 3 % du PIB pour le déficit public, mais il maintient l'objectif d'équilibre budgétaire à moyen terme et il insiste sur la limitation de la dette publique à 60 % du  PIB.

    Alain Beitone et alii, Economie, Sirey, coll. Aide-mémoire, 5e édition, 2012

    Q9- Expliquez les objectifs fixés par le Traité de Maastricht et ceux fixés par le Pacte de Stabilité et de Croissance.

    Q10- Expliquez la phrase soulignée.

     

    Q9- Traité de Maastricht : En matière de politique monétaire, si un pays a une trop forte inflation par exemple cela affaiblit la monnaie unique. C'est ce qui explique que chaque pays, pour entrer dans la zone euro, a dû respecter un certain nombre de critères afin que les économies européennes convergent : → 5 critères inclus dans le traité de Maastricht signé en

    1992 :

    - taux d'inflation limité,

    - taux d'intérêt pas trop élevés par rapport aux autres Etats,

    - déficit public et endettement public limités,

    - stabilité des taux de change (un Etat ne peut procéder à une dévaluation ou à une réévaluation).

    Pacte de Stabilité et de Croissance : vise à promouvoir la croissance économique de la zone tout en maintenant une discipline budgétaire = le déficit budgétaire ne doit pas dépasser pour chaque Etat membre 3% du PIB et la dette publique 60 % du PIB.

    Q10- Les pays membres de la zone Euro qui ne respectent pas cette contrainte sont susceptibles de faire l’objet de sanctions financières. Or, de nombreux Etats ne respectaient pas le PSC. Un assouplissement du PSC a donc été décidé : un dépassement temporaire de cette limite de 3 % est possible en cas de récession sévère et l’application éventuelle des sanctions n’est pas automatique, mais résulte d’une décision politique du Conseil Européen.

     

    2-     2-  … Pour retrouver la croissance économique…

    DOCUMENT 10 :

    Le pacte de stabilité et de croissance a pour objectif d’éviter les déficits publics excessifs, car ces derniers sont rendus responsables de l’inflation, qui a moyen terme peut s’avérer néfaste pour la croissance. Ainsi, l’objectif du pacte de stabilité et de croissance est de stabiliser la croissance à moyen terme.

    DOCUMENT 11 :

    Le danger qui menace la zone euro est l’enclenchement d’un cercle vicieux où le marasme économique, les déséquilibres des comptes publics et les tensions financières s’alimenteraient réciproquement.

    Q10- Quel est l’objectif essentiel du PSC ? Pourquoi ? (doc 10)

    Q11- Quel sont les risques d’une augmentation des déficits publics ? (doc 11)

     

    Q10- La Banque centrale européenne (BCE), instituée le 1er juin 1998, met en œuvre la politique monétaire unique dans la zone euro. Plus précisément, c’est l’Eurosystème, constitué par les banques centrales nationales de la zone euro et la BCE, qui définit la politique monétaire unique. L’objectif principal de celle-ci est la stabilité des prix : ↓ inflation car la hausse des prix réduit le PA et donc la consommation, la production, l’emploi et à terme la croissance mais elle nuit aussi à la capacité des firmes à concurrencer les entreprises étrangères ce qui détériore le solde extérieur et donc à terme la croissance.

    Q11- Si la politique monétaire est unique en Europe, ce n’est pas le cas de la politique budgétaire. En effet, chaque pays en Europe mène sa propre politique budgétaire. Mais pour éviter trop de disparités, il faut là aussi une nécessaire convergence. En effet, une hausse des déficits publics posent plusieurs problèmes :

    -          D’abord, cela pourrait contraindre la BCE de financer ce déficit en créant de la monnaie (“faire marcher la planche à billets”), ce qui est source d'inflation.

    -          Ensuite, l’Etat, pour financer ce déficit, doit faire une politique de rigueur qui diminue les dépenses publiques donc, à terme, ↓ les emplois publics mais aussi les salaires des fonctionnaires, ce qui décourage la consommation et la croissance.

    -          La crise économique peut ensuite déboucher sur une crise bancaire (si ↑ des créances douteuses) → rationnement du crédit → ↓ investissement et donc à terme de la croissance.

    -          ↑ déficit public → ↑ intérêts de la dette à rembourser → contrainte budgétaire :  les marges de manœuvre des politiques économiques sont réduites par l'existence d'une dette publique importante résultant de la succession des déficits publics, car une part de plus en plus importante du budget est consacrée au remboursement de la dette.

    1-      3- ... Néanmoins le PSC fait l’objet de critiques.

    DOCUMENT 12 :

    Les Etats membres ont été contraints, du fait de la récession provoquée par la crise financière, de pratiquer des déficits publics massifs pour soutenir l'activité. Ces politiques de soutien budgétaire, pour nécessaires qu'elles soient, ont eu pour conséquence de jeter le discrédit sur la dette souveraine des Etats les plus en difficulté, les contraignant à emprunter au prix fort, et donc à perdre ce qui constituait pour eux un des principaux bénéfices de la monnaie unique. Résultat : tous les Etats sont engagés dans des politiques de réduction des déficits pour revenir dans les clous du pacte de stabilité et de croissance qui limite à 3% du PIB le déficit public. Pour les Etats dont les finances publiques ont le plus dérapé, cela représente un effort de consolidation budgétaire sans précédent sur une période aussi courte. Avec le risque de casser la reprise si la consommation et  l'investissement privés ne prennent pas le relais. 

    Frémeaux, « Finances publiques : une union à solidarité limitée », Alternatives Economiques HS n°86, 2010 

    DOCUMENT 13 :

    Q12- Récession → ↓ consommation & investissements donc si l’Etat ↓ les dépenses publiques (pas de ↑ du smic, pas d’embauche…) → le pouvoir d’achat reste faible (↓ recettes publiques dues à l’entrée des impôts sur le revenu) → ↓ consommation (↓ recettes publiques dues à l’entrée de la TVA)→ ↓ production → ↑ chômage (↑ des dépenses publiques dues à l’indemnisation des chômeurs) et à terme ↓ de la croissance qui ↑ la récession.

     

    Certains économistes, notamment keynésiens, considèrent le PSC comme un frein à la croissance économique car, en période de récession, il serait nécessaire de creuser le déficit public pour relancer la croissance, ce que ne permettent pas les traités européens.

    Aujourd'hui : après le creusement des déficits publics en 2008-2009, la France mène une  politique de rigueur dans l'objectif de remplir les conditions fixées par l'Union européenne

     

    A. B-  … Mais les économies européennes divergent…

     

    DOCUMENT 14 :

    DOCUMENT 15 :

    Q13- En quoi la coordination des politiques peut-elle apparaître difficile dans la zone euro? Vous répondrez à cette question en comparant le cas de l’Allemagne à celui de l’Espagne (doc 14) 

    Q14- A partir des données de la carte (doc 15 a), expliquez le point de vue du chef d'entreprise (doc 15 b)  

     

    Q13- L’économie allemande présente une balance commerciale largement excédentaire sur toute la période et un taux de chômage relativement faible : le taux de chômage allemand en 2010 est à 8%. Si le taux de croissance du PIB a baissé en 2007 en Allemagne, il repart à la hausse en 2008 pour atteindre presque 4% en 2010.

    A l’inverse, l’Espagne se caractérise par un taux de chômage très élevé depuis la crise de 2008, il approche 20% en 2010. Sa croissance est nulle en 2010 et sa balance commerciale déficitaire.  Seule la faible inflation, légèrement supérieure à 1% pour l’Allemagne et légèrement inférieure à 2% pour l’Espagne, semble rapprocher les deux pays.

    Ainsi les économies européennes, malgré le PSC, ne convergent pas. Cette divergence entre les économies de l’UE s’est accentuée avec la crise de 2007-2008. De ce fait, l’Allemagne peut se contenter d’une politique de rigueur mais l’Espagne aurait besoin d’une politique de relance ; la coordination des politiques économiques semblent donc difficiles parce que tous les pays de la zone euro ne sont pas confrontés aux même difficultés économiques.

    Q14- De même, les différentiels de coût du travail entre les pays européens créent entre eux de la concurrence déloyale. En effet, la France par exemple qui offre à ses actifs une protection sociale forte est aussi un pays dans lequel les cotisations sociales sont élevées pour financer cette protection. Or dans certains pays européens, qui ne bénéficient pas de cette protection sociale, le coût du travail est moins cher, ce qui leur donne un avantage comparatif. Mais une telle démarche n’est pas en soi déloyale. Elle le devient lorsque les autorités des pays concernés font tout pour maintenir ces coûts très bas et les utilisent pour attirer les IDE. Dans ce cas, on parle de dumping social : ces écarts salariaux ne sont plus uniquement liés à des différences de productivité mais aussi par des politiques de dumping social, c’est-à-dire de réduction des couts du travail. Cela exerce une pression à la baisse sur les salaires dans les pays les plus riches. 

     

    Avec les différents élargissements, l’Union européenne a vu progresser les écarts de niveaux de vie entre les différents États membres. L’écart allait de 1 à 5 dans l’UE à 12 et il va de 1 à 17 dans l’UE à 27. Les pays qui intègrent l’Europe ont en effet un niveau de vie beaucoup plus faible que les pays fondateurs. On peut parler d’une hétérogénéité croissante des économies des États membres.

     

    A-    C-  … Et le budget européen est trop faible.

     

    DOCUMENT 16 : http://dessinemoileco.com/le-budget-de-lue/ 

     

    DOCUMENT 17 : Une union fédérale sans budget

    Q15-  Comparez le poids du budget européen avec celui des autres pays. Qu’en conclure ?

    Q16- Comment peut-on expliquer ce constat ?

    Q17- Quelles peuvent en être les conséquences ?

     

    Q15- L’UE a un budget de très petite taille. Il représente à peine plus d’1% du PIB de l’UE alors que dans la majorité des pays développés, le budget représente entre 15 et 25% du PIB.

    Les dépenses publiques totales des Etats membres représentent 50,8% du PIB de la zone euro. Mais le budget européen ne représente que 1,1% du PIB de la zone euro. L’essentiel des dépenses sont donc le fait des Etats membres. Les politiques budgétaires demeurent essentiellement nationales.

    Q16- Les Etats membres préfèrent conserver leur souveraineté au niveau budgétaire.

    Q17- L’UE n’a pas les moyens de mettre en place des politiques économiques structurelles ambitieuses → pas assez d’investissement dans la R&D → pas d’↑ des emplois qualifiés source d’innovation → risque de perte en compétitivité.

    De même, l’UE ne peut pas envisager une politique de relance concertée.

     

     

    Conclusion :

    PODEMOS en Espagne, Syriza en Grèce : dans l’UE mouvements anti austérité mais pas euro sceptiques émergent. Ils plaident en faveur d’une autre Europe.

    L’Europe est donc à un tournant de son histoire :

          soit plus de coordination, de solidarité et de construction politique (certaines décisions récentes vont dans ce sens avec le MES, mais c’est très insuffisant) ;

          soit un fort risque d’éclatement dans un contexte où les populations sont de plus en plus eurosceptiques au vu des résultats désastreux en termes d’emploi et à la généralisation des politiques d’austérité.

     

     

     


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  • THÈME 2 : LA PARTICIPATION POLITIQUE

     

    CHAPITRE 3 : comment expliquer le comportement électoral?

     

    Comment expliquer le comportement électoral ? 

    Participation et abstention électorale, variables lourdes du comportement électoral, vote sur enjeu.

    On analysera l'évolution des taux d'inscription sur les listes électorales, des taux de participation et/ou d'abstention et leurs déterminants sociaux et politiques. Les principaux résultats de la sociologie de l'orientation électorale seront présentés (poids de la variable religieuse, vote de classe, etc.). L'évocation de l'émergence d'un vote sur enjeu, influencé par les conjonctures politiques (campagnes électorales notamment), permettra de prendre la mesure de la volatilité électorale. La question de l'articulation entre médias, communication et vie politique sera également abordée afin de comprendre son éventuel impact sur les attitudes politiques (pratiques et opinions).

     

    Problématique : Comment explique-t-on l’abstention ? Ou comment explique-t-on que les agents votent compte tenu du faible poids que représente leur choix dans l’élection ?

    I.             COMMENT INTERPRÉTER L’ABSTENTION électorale ?

    Objectifs :

    - Définir l’abstention, taux d’inscription, taux de participation et taux d’abstention

    - Comprendre les comportements abstentionnistes

     

    A.  A- L’abstention : définition et évolution.

    Document 1 :

    Lors des élections cantonales de mars 2011, permettant de renouveler la moitié des conseillers généraux, 43.2 millions d’électeurs étaient inscrits sur une liste électorale en France. Parmi eux, 52.6% sont des femmes, ce qui correspond à leur part dans l’ensemble de la population en âge de voter. Hommes et femmes ont un taux d’inscription sur les listes électorales identique. […]

    Pour être inscrit sur les listes électorales en France, il faut être de nationalité française, avoir dix-huit ans à la veille des scrutins et jouir de ses droits civils et politiques.

    Selon le Code électoral, l’inscription sur les listes électorales est obligatoire. Dans les faits, la seule sanction en cas de non inscription est l’impossibilité de participer au scrutin. L’électeur doit déposer sa demande d’inscription dans sa commune de résidence avant le 31 décembre pour pouvoir voter aux élections de l’année suivante.

    C. Rieg, 43 millions d’électeurs en France, Insee Première, n°1369, septembre 2011.

    Q1- Comment est calculé le taux d’inscription sur les listes électorales évoqué à la fin du premier paragraphe ? Quelle est son utilité ?

    Q2- Quelles sont les conditions pour pouvoir voter lors d’une élection ?

    Exercice:Résultats du 2ndtour des élections législatives de 2017

     

    Q3- Définir « abstentions » et la différencier du vote blanc ou nul.

    Q4- Définir « taux de participation », le calculer et l’interpréter.

    Q5- Définir « taux d’abstention », le calculer et l’interpréter.

     

    Document 2 : Taux d’abstention (en %) aux premiers tours des élections en France depuis 1965

    Q6- Complétez le texte à trou:

    Depuis les années 80, on constate globalement une forte progression de l’...............................

    Ainsi, en France, environ ............ des électeurs s’étaient abstenus aux élections européennes en 1979 ............ à celle de 2015 soit une progression de.............. . Il en est de même pour les législatives : ............. des inscrits s’étaient abstenus en 1981, ..............en 2017, soit une progression de ................

    Cependant, l’abstention dépend du type de .............. et des enjeux. En effet, en France, l’abstention est la plus ............... pour le scrutin des présidentielles puisqu’en 2017 on ne mesure qu’environ .............. d’abstentionnistes à ces élections contre ............. pour les élections législatives.

    Il en est de même pour les élections municipales qui, malgré une hausse continue de l’abstention depuis 1979, ne font apparaître qu’environ ............ d’abstentionnistes en 2013.

     

    A.  B-Les déterminants de l’abstention.

    Document 4 : L’analyse sociologique de l’abstention

    Les abstentionnistes « dans le jeu politique » sont souvent jeunes, diplômés et plutôt favorisés quant aux conditions de leur insertion sociale. Ils déclarent par ailleurs s’intéresser à la politique et peuvent même se déclarer proches d’un parti politique. Ils s’abstiennent sans qu’il s’agisse d’une désaffection politique et se remettent à voter dès qu’ils peuvent à nouveau se reconnaître dans l’offre électorale proposée. Leur abstention est le plus souvent intermittente. Cet abstentionnisme correspond à un nouveau type d’électeur, plus mobile, plus affranchi des modèles d’identification partisane, relativement critique et exigeant à l’égard de l’offre politique, et pouvant utiliser l’abstention au même titre que le vote pour se faire entendre et peser sur l’élection. Les abstentionnistes « hors du jeu politique » se distinguent par un retrait de la politique, et par une certaine apathie. On les retrouve en plus grand nombre au sein des couches populaires, disposant d’un faible niveau d’instruction, parmi des catégories en difficulté d’insertion sociale, ainsi que dans des populations urbaines. […] Ces absents plus constants de la scène électorale ne se reconnaissent pas dans le jeu politique, ils ont trop de problèmes individuels pour investir la scène collective et se sentent incompétents. […] Seule l’augmentation significative de l’abstention « hors jeu » marquerait une vraie crise de la démocratie. Mais l’abstention « dans le jeu » qui est intermittente et politique, est au contraire l’expression d’une certaine vivacité démocratique.

    Anne Muxel, Abstention, défaillance citoyenne ou expression démocratique ?, Cahiers du Conseil Constitutionnel, n°23, février 2008

    Q7- Existe-t-il un lien entre abstention et diplômes ?

    Q8-Quelles sont les deux formes d’abstentionnisme, selon Anne Muxel ?

     

    Synthèse :

    Au total il existe plusieurs types d’abstentionnistes :

    - Les abstentionnistes ----------------------------- (« les pêcheurs à la ligne ») qui boycottent systématiquement tous les scrutins parce qu’ils ne se sentent pas concernés par la politique ou parce qu’ils n’ont plus la capacité de se déplacer. Ceci concerne près d’un inscrit sur quatre pour les élections régionales et européennes.

     

    - Les abstentionnistes occasionnels ou -------------------------- qui participent à un certain nombre de scrutins mais pas à tous en fonction de l’intérêt qu’ils portent pour le scrutin et en fonction de l’offre politique qui  leur est proposée. Cela représente plus d’un électeur sur trois pour les élections régionales et européennes. 

     

    Au total, l’---------------------- est un fait social et politique important. Seuls 56% des Français reconnaissent ne s’être jamais ou pratiquement jamais abstenus, soit un inscrit sur deux, et 10 % reconnaissent souvent s’abstenir.  Mais l'abstention systématique est relativement faible et stable en France autour de 12 %.

    Toutefois, la part des abstentionnistes intermittents, tour à tour votants et non votants, s'est accrue au fil du temps pour créer un déficit de participation.  

    Cette intermittence de l'acte électoral est le signe d'un certain ----------------------- du devoir de voter. L'abstention n'est pas seulement le signe d'un retrait ou d'un désinvestissement de la scène électorale. Pour des électeurs de plus en plus nombreux et dans le jeu politique, elle est considérée et utilisée comme une réponse électorale à part entière. Elle peut servir à exprimer leur ------------------ à l'égard d'une offre politique jugée insatisfaisante ou encore une --------------------- à l'encontre des Gouvernements sortants (crise de confiance). Tantôt votants tantôt abstentionnistes, les Français rencontrent l'élection avec de plus en plus de doutes mais aussi de circonspection (crise de la représentation).

    L’abstentionnisme peut s’expliquer soit par un désintérêt pour la vie politique (abstentionnistes « ----------------- ») ; soit au contraire comme un moyen d’exprimer une position politique (abstentionnistes « ------------------------ »).

     

    II.             COMMENT EXPLIQUER LE VOTE ?

    Objectifs :

    - Connaître les variables lourdes du comportement électoral

    - Définir « vote de classe » et « vote sur enjeux »

    - Comprendre l’influence de la volatilité électorale et l’influence des médias sur le vote

     

    A.  A- Le poids de l’environnement socio-économique.

     

    Quelles sont les variables lourdes du comportement électoral ?

    Document 5 : Sociologie des abstentionnistes au premier tour des présidentielles de 2017

    Q9- Quelles sont les variables sociodémographiques et politiques qui sont le plus corrélées à l’abstention?

    Q10- Dressez le portrait type d’un abstentionniste au premier tour des présidentielles 2017. D’un votant

    DOCUMENT 6 :

    L’école de Columbia : les caractéristiques sociales déterminent les préférences politiques.

    Les premières études de sociologie électorale par sondage sont réalisées aux États-Unis, à l’université de Columbia par Paul Lazarsfeld et son équipe. […] Une grande partie des enquêtés savaient depuis longtemps pour quel parti et candidat ils voteraient. D’autres se décident dans les derniers mois mais seulement 8% varient dans leur intention de vote en cours de campagne. L’explication de cette très forte stabilité électorale réside dans l’existence de milieux sociaux politiquement homogènes, qui génèrent une conformité de chacun à son milieu. Trois variables apparaissent particulièrement déterminantes : le statut social, la religion, le lieu de résidence. Les personnes de statut social inférieur, de religion catholique, vivant dans un milieu urbain votent beaucoup plus fréquemment pour le candidat démocrate. Au contraire, le candidat républicain recueille une majorité de suffrages parmi les personnes de milieu supérieur, protestantes, vivant en zone rurale. […]

    Le paradigme de Michigan : un vote conforme à l’identification partisane.

    Ce modèle […] explique principalement les votes par l’identification à un parti. […] Les auteurs insistent sur un élément particulier, qui leur paraît plus explicatif, l’identification partisane. […] Les personnes qui s’identifient fortement à l’un des deux grands partis votent presque toujours (dans 90% des cas) pour le candidat investi par lui. C’est en fait chez ceux qui ne se reconnaissent qu’une faible identification partisane  qu’on trouve le plus grand nombre de votes déviants. Cette proximité partisane n’est pas perçue d’abord comme le fruit d’une adhésion aux thèses politiques des partis. Elle est plutôt analysée comme un attachement affectif, lié à la socialisation. […] Il y aurait des familles démocrates et des familles républicaines. Une majorité resterait fidèle à la tendance politique de ses parents et voterait de manière identique à toutes les élections présidentielles.

     

    P. Bréchon, Comportements et attitudes politiques, PUG, 2006.

    Q11– Distinguez ces deux approches.  

    Q12- Quels sont les variables lourdes du comportement électoral ? (documents 5 & 6) 

    A.  B- L’importance du « vote sur enjeux ».

    DOCUMENT 7 :

    DOCUMENT 8 : Le développement du "vote sur enjeu" 

    On a constaté dans toutes les démocraties occidentales, à partir de la fin des années 1960 aux

    Etats-Unis, et un peu plus tard en Europe, une "volatilité électorale" accrue. [...]

    L'"instabilité croissante" des électeurs et l'érosion de l'influence des variables sociologiques ont entraîné une révision des modèles d'analyse existants. Le "nouvel électeur" était-il un électeur "apathique", désorienté par l'évolution du système politique et des structures sociales, ou un électeur plus "rationnel", plus "individualiste" et plus "stratège", soustrait à l'influence de ses groupes d'appartenance ? [...] Les électeurs qui changent de préférences politiques entre deux élections ne sont [...] ni plus ni moins rationnels que les électeurs fidèles à un parti, ni moins instruits et politisés. [...] La proportion d'électeurs mobiles s'accroît, renforçant le "vote sur enjeu", c'est-à-dire sur les questions jugées importantes au moment de chaque élection.

    Frédéric Lambert et Sandrine Lefranc, 50 fiches pour comprendre la science politique, Bréal, 2010 

    Q13- Entre 1995 et 1997, quel proportion d'électeurs gardent-ils le même choix ? En déduire, une mesure de la volatilité électorale.(doc 7)

    Q14- Parmi ceux qui ont changé de choix politique, quelles sont les évolutions les plus notables ? (doc 7)

    Q15- Qu'est-ce qu'un électeur rationnel ? (doc 8)

    Q16- Expliquez le « vote sur enjeux »

    Q17- Comment expliquez-vous l’importance de ce vote ?

     

    Synthèse :

    Les enquêtes montrant une instabilité plus grande dans le vote des électeurs (« floating vote»), les sociologues vont réviser leurs modèles explicatifs du vote. Les variables lourdes semblent ne plus pouvoir expliquer les comportements électoraux, en particulier pour les plus jeunes, et on en conclut que l’électeur devient plus ----------------- et plus stratège. Il serait devenu capable de s’autonomiser vis-à-vis de ses groupes d’appartenance pour réaliser des calculs ---------/------------------ à la manière du modèle de l’Homo œconomicus des économistes néoclassiques. On observerait ainsi une montée du vote « ------------------------- », c’est-à-dire sur des questions et problématiques importantes aux yeux des électeurs au moment du scrutin. Ce n’est pas le contenu idéologique ou l’étiquette qui compte, mais la réponse apportée à tel ou tel problème qui concerne l’électeur. Ainsi celui-ci serait prêt à voter pour untel parce qu’il apporte telle réponse à tel problème, pas pour sa couleur politique et le fond des idées qu’il défend. La montée de l’---------------------------- en tant que valeur dans la société expliquerait donc que les variables sociales « lourdes » perdraient de leur pouvoir explicatif.

    L’individu est doté d’une capacité de calcul qui lui permet de faire des choix électoraux ---------------- et d’adapter son vote en fonction du but auquel il tend. Il choisit l’offre politique qui correspond le mieux à ses intérêts, qui maximise son utilité. Dans ce modèle les changements politiques s’expliquent exclusivement par le changement de l’offre, le renouvellement des candidats et des programmes.

     

    DOCUMENT 9 : Les effets indirects des médias dans les campagnes électorales

    Le rôle accru des campagnes électorales n’implique cependant pas que celles-ci influencent de manière directe, ou seules, les comportements électoraux. L'idée selon laquelle les médias et la communication politique déterminerait complètement le vote correspond largement à un mythe. Ce mythe est né dans l'entre-deux-guerres [...], après l'usage extensif des moyens radiophoniques et de la propagande politique (affiches, statuaire, fêtes, défilés, etc.) par les régimes fasciste et nazi : l'électeur y fait l'objet d'une manipulation par des leaders charismatiques et la propagande électorale à laquelle ils recourent. [...] Les effets directs des campagnes sont difficilement évaluables. Les analyses montrent, d'ailleurs, que ce sont leurs effets indirects qui sont les plus remarquables. Parmi ces derniers, trois ont été formalisés par les chercheurs : 

    - L'effet d'agenda, qui désigne l'impact des médias sur la saillance des enjeux perçus par l'opinion. Une campagne électorale peut ainsi être centrée sur un enjeu qui avait initialement une importance restreinte (la "fracture sociale", la sécurité, etc.)

    - L'effet de cadrage (framing) : le mode de présentation d'un fait affecte sa signification. Par exemple, un traitement épisodique de la pauvreté faciliterait une imputation de la responsabilité aux pauvres, alors qu'un traitement thématique et approfondi favoriserait la reconnaissance d'une responsabilité collective et d'une défaillance des politiques publiques.

    - L'effet d'amorçage (priming), qui désigne l'influence des médias sur les critères retenus pour évaluer et produire les jugements politiques. Les problèmes consacrés par les médias (par exemple la visibilité accrue du problème des SDF) peuvent devenir des critères d'évaluation des programmes des candidats.

    LAMBERT Frédéric et LEFRANC Sandrine, 50 fiches pour comprendre la science politique, Bréal, 2003 

    Q18- Quels sont les effets que peuvent avoir les médias lors d’une élection à venir ?

     

     

     


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